Andreas Zaugg a rejoint la direction en août 2022: qu’apporte-t-il à la direction opérationnelle en termes de savoir-faire et de compétences?

Daniel Stettler: C’est presque incroyable que nous ayons pu faire venir un crack comme Andreas. Son arrivée enrichit notre direction par ses connaissances spécialisées, son ancienneté et son pragmatisme. Cela nous oblige toutes et tous à accélérer encore la cadence. Avec son arrivée, le dynamisme et la qualité ont pris du galon au sein de la direction.

Yves: Je ne peux que partager cette opinion. Andreas est une aubaine pour nous. Grâce à l’étendue de ses compétences techniques et à sa riche expérience, il est un renfort précieux pour notre équipe. Au-delà de cela, nous apprécions son calme et sa pondération, deux qualités particulièrement propices à notre entreprise. Andreas a le profil idéal, il enrichit à la perfection nos compétences existantes au niveau de la direction opérationnelle.

À propos de direction: comment travaillez-vous en qualité de leader et comment vos organes de direction collaborent-ils entre eux?

Daniel Stettler: Dès le début, nous nous sommes bien entendus. Nous trouvons toujours un terrain d’entente quand il s’agit de fixer des objectifs ou de poser des principes. Nous sommes différents dans la manière de procéder. J’agis souvent de manière instinctive. Mais grâce à sa pondération, Yves me fait garder les pieds sur terre. C’est un peu comme le yin et le yan: le «tout» se nourrit des deux. En tant qu’entreprise de petite taille, la coopération entre la direction et le conseil d’administration est quelque chose d’extrêmement important.

Yves Gyr: En tant que dirigeants, nous avons tous deux des compétences et des rôles différents et cette synergie enrichit notre collaboration. Daniel est très proche du personnel et incarne la passion et le supplément d’âme de notre entreprise. En tant que membre du conseil d’administration, nous apportons un point de vue extérieur précieux et je me considère personnellement à la fois comme un «sparring partner» de Daniel et comme un décideur analytique au niveau du CA. À mon poste de CA, il me tient à cœur de prendre des décisions fondées et précieuses, car je suis conscient de leur immense portée. Dans le monde des affaires d’aujourd’hui, qui bouge à une vitesse folle, les échanges fructueux entre le CA et la direction sont un facteur indispensable du succès et de sa pérennité.

À propos des affaires: quels sont les faits marquants de 2022 qui méritent d’être abordés?

Yves Gyr: L’année 2022 a été marquée par un contexte économique difficile avec, en toile de fond, le conflit en Ukraine, la pandémie de Covid-19, la baisse du cours des actions ou encore les courbes inflationnistes. En dépit de ces vents contraires, nous avons réussi à croître et à nous développer en tant qu’AM. Nous avons de quoi être fiers de notre entreprise et de sa longue histoire, dont nous avons eu l’occasion de fêter le jubilé lors de notre assemblée générale, qui s’est tenue à Montreux. Cependant, nos regards ne sont pas uniquement tournés vers le passé, ils portent aussi vers l’avenir, et à cet égard, nous avons réussi à attirer des talents exceptionnels malgré les difficultés du moment. Je suis convaincu que demain comme aujourd’hui, l’équipe que nous formons continuera de poser des jalons forts.

Daniel Stettler: En 2022, nous n’avons cessé de remanier. Certaines aptitudes, dictées par l’environnement actuel, ont été développées il y a tout juste quelques années. S’affirmer en tant que PME dans le paysage actuel de l’assurance, exige une constance absolue dans l’assiduité, le pragmatisme et la fourniture d’une qualité de service élevée.

Quelle anecdote pouvez-vous nous narrer sur cette année de jubilé?

 

Daniel Stettler: Je pense en particulier à notre événement en l’honneur des collaborateurs. Le 1^er septembre 2022, une partie de notre équipe a mis la main à la pâte à l’occasion d’une action de bénévolat sur le Menzberg, dans le canton de Lucerne. Nous avons remis en état des chemins de randonnée, déblayé des forêts, retapé des aires de grillades et installé un petit banc bien solide portant l’inscription «120 Jahre Branchen Versicherung Genossenschaft – Einfach sicher. Seit 1902» («120 ans de la Coopérative d’assurance des métiers – assurément simple. Depuis 1902»). Celles et ceux qui n’ont pas pu donner prêter main forte ont participé à un jeu de piste à Zurich. Le soir, nous nous sommes retrouvés à dîner tous ensemble dans une ambiance festive.

 

Yves Gyr: Un moment fort qui m’a particulièrement marqué fut la visite chez Suter Viandes SA à Villeneuve, le lendemain de l’assemblée générale. J’ai été impressionné par l’esprit d’entrepreneur d’Ueli et par son expérience. On voyait combien il était apprécié par chaque membre du personnel et on ne pouvait que constater l’estime qu’il porte à chacun d’eux. C’était une expérience très stimulante qui a montré à quel point il est important de se respecter et de s’apprécier mutuellement.

Vous avez évoqué la question du recrutement et de la culture d’entreprise. Pouvez-vous nous en dire un peu plus?

 

«Je suis infiniment reconnaissant pour les bases solides que nous a léguées Ueli.»

 

Yves Gyr

Yves Gyr: Nous sommes sans cesse à la recherche de personnes motivées, qui ont le courage de s’engager sur de nouvelles voies et l’envie de bâtir l’avenir à nos côtés. Notre culture d’entreprise est guidée par un sens aigu de la performance et par une quête constante d’amélioration. Nous nous efforçons d’instaurer un environnement dans lequel nos collaboratrices et collaborateurs peuvent s’épanouir et qui nous permet de les accompagner dans la réalisation de leurs objectifs. Il règne chez nous une culture de communication ouverte et propice au respect mutuel et où tout le monde est traité sur un pied d’égalité.

Daniel Stettler: Nous ne sommes pas en mesure d’attirer les bons éléments avec des salaires mirobolants. En tant qu’employeur, nous devons séduire les talents qui ne sont pas seulement attirés par le salaire. Je pense aux relations humaines, mais aussi aux contenus du travail ou à la marge de manœuvre individuelle. Du fait de notre petite taille, chacune et chacun peut et doit mettre la main à la pâte. Par ailleurs, nous cultivons non seulement le respect mutuel, mais nous misons aussi beaucoup sur la transparence. Quand on travaille chez nous, on aime vraiment créer des choses et faire bouger les lignes.

La période Covid a aussitôt laissé place en 2022 au conflit ukrainien, l’inflation, à la hausse des taux d’intérêt et à la dégringolade du cours des actions. Le répit espéré n’a pas eu lieu. Comment se motiver et motiver ses collaborateurs dans des périodes comme celle-ci?

Yves Gyr: Dans les périodes difficiles, il est important de se concentrer sur les choses qu’on peut faire bouger et de se focaliser sur les objectifs communs. Les dirigeants ont un rôle important à jouer à cet égard, notamment en véhiculant une attitude positive et une communication claire. Daniel et l’équipe d’AM ont parfaitement rempli cette mission. Ils ont poursuivi leurs objectifs et leurs projets avec esprit de suite et ont mis un point d’honneur à impliquer les collaborateurs dans la mise en œuvre. Tout cela contribue à créer une atmosphère de travail dynamique et encourage les collaborateurs à aller de l’avant, même dans les moments difficiles. Il est par ailleurs important de proposer des perspectives aux collaborateurs et de les soutenir dans leur développement personnel. Ils peuvent ainsi donner le meilleur d’eux-mêmes et contribuer à pérenniser le succès de l’entreprise – aujourd’hui comme demain.

Daniel Stettler: En tout état de cause, l’ampleur de l’impact sur les individus des nombreuses crises qui se sont abattues sur nous ces derniers mois a été le facteur déterminant. Le coronavirus a bouleversé notre vécu au quotidien, mais la guerre d’Ukraine, nous ne la connaissons que par les médias. Il est important de donner leur juste valeur aux diverses influences externes et de rassurer en faisant passer le message que les choses finiront par prendre un tournant positif.

D’après vous, qu’est-ce qui fait un «bon collaborateur»? Qu’attendez-vous de ce dernier?

Daniel Stettler: Malgré le dynamisme des évolutions qui affectent le monde du travail, les attentes sont restées les mêmes pour moi. Les bons collaborateurs se distinguent par le fait qu’ils s’identifient à leur employeur et à la mission qui leur est confiée. Ils se félicitent de poursuivre et d’atteindre ensemble des objectifs communs et contribuent à l’instauration d’un climat de travail stimulant et harmonieux. Aujourd’hui comme demain, cela réclame une saine dose de subjectivité associée à un solide esprit d’équipe. Mais pour que les collaborateurs puissent traduire ces attentes en actes, l’entreprise doit aussi créer les bonnes conditions cadres.

Yves Gyr: Pour moi, les bons collaborateurs se distinguent avant tout par leur manière d’aller vers le client. Quel que soit le département dans lequel ils travaillent, ils savent qu’ils sont responsables de la satisfaction de nos clientes et clients. J’ai par ailleurs un très grand respect pour la fiabilité, la compétence professionnelle et la motivation personnelle. Nous recherchons des individus qui ne se contentent pas d’appliquer les instructions, mais qui pensent et agissent de manière proactive. Chez nous, les collaboratrices et collaborateurs ont la possibilité de s’engager et de se développer.

En tant que président du CA, on n’est généralement pas très proche de ses collaborateurs. Et pour vous, comment cela se passe-t-il, Yves Gyr? Comment prenez-vous le pouls du personnel?

Yves Gyr: Je trouve qu’il est important d’entretenir des liens étroits avec le personnel, même lorsqu’on est président du CA. Pour illustrer la manière dont nous faisons tomber les barrières en interne, je citerai en exemple le repas de midi que nous partageons à l’issue des réunions régulières du CA. Tout le monde est invité à un repas d’équipe composé de fromage d’Italie, d’une salade de pommes de terre et de petits pains. Cela me permet de mieux connaître les collaborateurs en personne et d’échanger avec eux. Une fois, j’ai perdu un pari que j’avais fait avec le personnel, cela m’a coûté quelques caisses de bière. Quand je dis que je m’intéresse à nos collaborateurs et à leur travail, ce n’est pas un vain mot, car j’estime qu’il est important, quand on est un dirigeant, de cultiver une communication transparente et d’instaurer un climat de confiance. C’est pourquoi je suis informé à tout moment de ce qui se passe dans l’entreprise, y compris sur les questions concernant le personnel. La confiance demande du temps et exige de la franchise.

Du point de vue du président du CA, qu’est-ce qui fait un bon CEO, et vice versa?

Yves Gyr: Un bon CEO doit à mon avis être un bon meneur d’hommes et de femmes et être capable de communiquer ses visions et ses projets aux collaborateurs et d’obtenir leur adhésion pleine et entière. Pour cela, il doit faire preuve d’un vrai esprit d’entreprise, doublé d’une juste conscience des coûts et d’une forte orientation client. Un bon CEO doit être capable de développer une pensée stratégique et de concilier les intérêts des départements et des clients. Il doit également faire preuve d’intégrité et de connaissances spécialisées et disposer d’un vaste réseau. Les capacités décisionnelles et la conduite du changement sont deux autres compétences clés de tout bon CEO. À mes yeux, Daniel est l’homme de la situation et a le profil idéal pour ce poste.

Daniel Stettler: Merci. Pour moi, il est important de trouver chez le président du CA un sparring partner qui nous soutient et en qui je peux avoir confiance. Cela suppose un goût affirmé pour le monde des assurances et la compréhension des défis auxquels sont confrontées les PME. De plus, les exigences du régulateur vis-à-vis du conseil d’administration et de la direction ont énormément évolué. Un président de CA doit, à mon avis, être parfaitement à l’aise dans ces domaines. De ce point de vue, avec Yves, nous avons coché les six bons numéros du loto.

Quels sont les grands thèmes ou les grands défis de l’exercice 2023?

 

Daniel Stettler: La dynamique et les exigences sont beaucoup plus fortes aujourd’hui, mais le timing est de plus en plus serré. Nous travaillons actuellement à la révision de notre stratégie à long terme. Nous en préciserons les détails en 2023 et nous y exposerons également la manière dont nous entendons positionner le cœur de métier des assurances et le domaine des titres. Par ailleurs, nous poursuivrons la transformation numérique. Nous sommes actuellement dans la phase de mise en œuvre. La mise en service de notre nouveau système central est prévue pour octobre 2023.

 

Yves Gyr: L’exercice 2023 sera une année de tous les défis, car nous devrons nous attaquer à de nombreux sujets importants. Les changements en cours au niveau législatif requièrent tout particulièrement notre attention et exigent un niveau élevé de conformité. En tant qu’entreprise, nous revendiquons une position de force vis-à-vis de la FINMA et travaillons d’arrache-pied dans ce sens. Nous avons défini des priorités claires pour l’année à venir et nous veillerons à les mettre en œuvre avec succès, sans présumer de nos forces.

 

«La dynamique et les exigences sont beaucoup plus fortes aujourd’hui, mais le timing est de plus en plus serré.»

 

Daniel Stettler

Après votre journée de travail, que faites-vous pour déconnecter?

Yves Gyr: Le soir, j’essaie de me changer les idées et de me concentrer sur ma famille et sur moi-même. Ma famille est toute ma fierté. Il ne m’en faut pas beaucoup plus pour me ressourcer. Ma famille compte beaucoup pour moi, elle me donne l’énergie nécessaire pour reprendre de l’élan. En même temps, je suis tout à fait conscient des responsabilités qui sont les miennes en tant que président du CA. En qualité de président du CA et, respectivement, de CEO, nous sommes responsables de l’entreprise et donc, d’un grand nombre de personnes. Cette mission ne s’arrête ni le soir ni le week-end.

Daniel Stettler: J’attache beaucoup d’importance à la famille, au sport et aux amis. Le temps passé avec ma jeune famille ou l’équilibre que je trouve dans le sport me donnent de la force. Mais en tant qu’entrepreneur, il serait présomptueux d’affirmer que l’on peut se déconnecter complètement de son travail. Pendant quelques heures, il est possible de respirer et de déconnecter, mais les responsabilités restent.

Que vous souhaitez-vous mutuellement?

Daniel Stettler: Je souhaite à Yves de rester lui-même et de ne vouloir copier quiconque ou quoi que ce soit. Je serais ravi qu’il laisse sa trace dans notre entreprise, ce dont je suis convaincu.

Yves Gyr: Je souhaite un franc succès à Daniel. Et je lui souhaite qu’il ait la main heureuse en prenant les bonnes décisions.

«Je profite de l’occasion pour remercier chaleureusement l’ensemble du personnel.»

 

Yves Gyr

Qu’est-ce qui n’a pas encore été dit?

 

Daniel Stettler: Le succès n’est possible qu’avec le concours des bonnes personnes. A fortiori quand on est petit comme nous. Nous avons la chance d’avoir des collaboratrices et des collaborateurs motivés et formidables à tous les niveaux, ce qui me conforte dans l’idée que notre entreprise est sur la bonne voie. Je tiens à les en remercier toutes et tous. 

 

Yves Gyr: J’éprouve une profonde gratitude pour l’équipe de choc d’AM et le travail acharné qu’elle fournit au quotidien. Nous avons un groupe fantastique composé de personnes talentueuses dans tous les départements, des hommes et des femmes qui ne comptent pas leurs efforts pour faire avancer notre entreprise. Je nous considère comme une grande famille et nous voir grandir et prospérer ensemble me remplit de joie. Je profite de l’occasion pour remercier chaleureusement l’ensemble du personnel.

 

Yves Gyr et Daniel Stettler, merci beaucoup pour cet entretien et meilleurs vœux pour l’année en cours.

(L’entretien a été mené par Sara Meier).